Les péchés capitaux… notion théologique ? Oui, mais pas seulement : le nom du « péché » est bien attesté dans la langue philosophique des Grecs (hamartêma) et des Latins (peccatum) avant d’être intégré à la théologie chrétienne. Le péché est défaut ou désordre : pour le théologien, il est une offense à Dieu ; et pour le philosophe, un manquement à la raison. Le mot ou un autre recouvre ce qui éloigne l’homme de son bonheur : à ce titre, le concept de péché, qu’il soit ou non exprimé par ce nom, intéresse aussi le psychologue, qui empruntera éventuellement au vocabulaire hérité de la théologie en parlant d’une « idole », qui accapare nos affections et dont on se fait l’esclave, pour notre malheur.
Dans tous les cas, il s’agit de comprendre nos désordres, afin d’y porter remède. Mais, comment comprendre une réalité aux formes si multiples, sinon par une approche scientifique ? Comme on le sait, la science a pour vocation de ramener la multiplicité du réel à un petit nombre des principes qui en commandent l’intelligence. La théorie des péchés capitaux n’est pas autre chose que la tentative de discerner les trames originaires de nos déficiences. Le péché capital est ainsi celui qui est à la tête (caput en latin) des autres, parce que ceux-ci s’inscrivent dans son sillage, et qu’il se situe, pour ainsi dire, à leur source…