L’avarice est peut-être celui des péchés capitaux qui fait le plus facilement l’unanimité contre lui. Non qu’il soit toujours plus facile de lui résister, ni que ce péché soit moins insidieux ou capital que les autres, mais parce que la réputation d’avare fait horreur à tous. On excusera le gourmand sous prétexte qu’il est un gourmet, le monde salue volontiers le luxurieux comme un charmant séducteur, et ainsi de suite.
L’envieux, il est vrai, suscitera moins de complaisance, mais on l’excusera éventuellement d’être si mal partagé qu’il doive porter envie aux autres. L’avare, en revanche, n’inspire aucune indulgence et est depuis toujours odieux à tous : « La peste soit de l’avarice et des avaricieux ! » Comment se fait-il alors que le péché d’avarice demeure si profondément ancré en nous, en dépit du stigmate universel qui le censure ?