L’orgueil, source de tout dérèglement - Stéphane Mercier
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L’orgueil

L’orgueil paraît être le plus manifestement théologique des péchés capitaux, ne serait-ce que parce que sa contrepartie, l’humilité, n’est pas une vertu à l’horizon de la morale antique avant l’irruption du christianisme. Et pourtant. S’il est vrai que ni Aristote ni les stoïciens ne parlent de l’humilité, la pensée grecque est profondément consciente du déséquilibre induit par l’orgueil, qui est pour elle hybris, démesure.

C’est elle que combat le double précepte d’Apollon delphique : Rien de trop et Connais-toi toi-même ; car on doit se connaître pour ne pas imaginer être plus qu’en réalité. Le principal ressort de la tragédie grecque est d’ailleurs la démesure : l’homme qui ne reste pas à sa place, parce qu’il l’ignore, va au-devant d’une catastrophe aussi fatale qu’inéluctable.

La tradition spirituelle postérieure a associé la notion d’orgueil à celle de « vaine gloire » : le creux se croit plein, la grenouille veut être aussi grosse que le bœuf, et ainsi de suite. Plus fondamentalement, l’orgueil est source des sources du péché : il est le dérèglement capital par excellence, et celui des capitaines qui entraîne tous les autres péchés capitaux à sa suite.