Depuis Platon, la philosophie éprouve le besoin d’une « seconde navigation » : le monde physique n’épuise pas le sens du réel, et surtout il ne suffit pas à en rendre compte adéquatement. La méta-physique porte donc sur l’au-delà de l’observable. Nulle élucubration gratuite dans cette entreprise, qui ne relève pas de la fantasmagorie, mais de l’exigence d’intelligibilité la plus stricte : toutes les sciences positives nous parlent de divers êtres possédant chaque fois telle ou telle propriété, mais aucune ne nous dit ce qu’il en est de la signification de ce mot « être » que toutes présupposent sans l’expliquer jamais. Or c’est là, justement, le rôle de la métaphysique, qui demande ti to on (Aristote), « qu’est-ce que l’être » ?