Ainsi l’œuvre des Pères qu’on appelle « apologistes », au deuxième siècle, est-elle toute pénétrée de l’idée qu’il faut faire entendre aux représentants de la grande culture du monde antique que le message chrétien n’est pas porté par la barbarie irrationnelle de quelques exaltés, mais réalise, à la hauteur surnaturelle, l’aspiration la plus profonde de la philosophie. Car la philosophie est, par définition, l’amour de la sagesse : et qu’est-ce que le christianisme sinon l’amour de la Sagesse éternelle ? Ainsi parle, en effet, la Sagesse dans le livre des Proverbes (chap. 8) : « Le Seigneur m’a possédée au commencement de ses voies : avant qu’il créât aucune chose, j’étais dès lors. J’ai été établie dès l’éternité et dès le commencement, avant que la terre fût créée. » Or la Sagesse est venue dans le monde, mais on le sait par le prologue de saint Jean, si la vraie Lumière est venue dans le monde, le monde ne l’a point connue.