Derrière la diversité de ses manifestations au cours du XXᵉ siècle, le totalitarisme a toujours été démiurgique : l’homme s’est rêvé en dieu pour refaire un monde conforme à ses désirs, mais cette création a systématiquement tourné au cauchemar. On pourrait croire que nous en avons tiré de salutaires leçons pour l’avenir. Rien n’est moins sûr, car la tentation totalitaire ne nous a pas quittés, et se perpétue aujourd’hui sous un masque moins manifestement barbare, mais peut-être plus insidieux. 1984 n’est pas un roman sur notre passé : il est une clé de lecture du monde d’aujourd’hui, car il semble qu’oubliant de revenir à Dieu, nous n’ayons décidément rien appris de nos errements.